Inspecteur Joona Linna - 09 - L'araignée by Kepler Lars

Auteur:Kepler, Lars
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller
Éditeur: Actes Sud
Publié: 2023-10-30T12:36:00+00:00

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Valeria quitte la serre la plus éloignée de la pépinière, prend la brouette et se dirige vers le caveau à légumes. Ses épaules et son dos sont douloureux après le dur travail de la journée. Il ne lui reste plus qu’à aller chercher les sacs de pommes de terre avant de pouvoir prendre une douche et de préparer le dîner.

Le caveau à légumes a été creusé sous une colline naturelle recouverte d’herbe et de bouleaux.

La fraîcheur de la pièce souterraine lui rappelle toujours l’histoire du roi Svegder dans la saga des Ynglingar. Alors que le roi rentrait chez lui après une fête, un petit homme apparut et lui dit qu’il l’emmenait rencontrer Odin. Le petit homme ouvrit une porte cachée dans une énorme pierre et le roi Svegder découvrit une salle resplendissante. Des lustres pendaient au plafond et les tables étaient garnies d’assiettes fumantes. Mais dès que le roi passa le seuil de la porte, la grosse pierre se referma derrière lui et personne n’eut plus jamais de nouvelles de lui.

Valeria ouvre la lourde porte, attrape son panier et commence à descendre les marches escarpées.

Quelques mèches dans sa queue de cheval brillent comme du cuivre lorsqu’elle passe dans le dernier rayon de soleil avant de disparaître dans l’obscurité.

Ça fait longtemps qu’elle n’est pas descendue dans le caveau, qu’elle n’en a pas eu l’énergie.

L’escalier est beaucoup plus étroit que dans son souvenir.

À seulement quelques mètres en dessous du sol règne un tout autre silence.

Elle sent que son dos est trempé de sueur.

Une odeur de terre et de vieilles feuilles lui parvient. Les bouteilles de sirop de sureau brillent à la lumière du plafonnier. Du sable sec s’écoule d’un interstice entre deux pierres.

Pendant l’hiver, la pression de la terre a dû pousser les murs vers l’intérieur, ce qui a rétréci l’escalier.

Elle continue à descendre, ses jambes tremblent.

L’air est stagnant. Les bouches d’aération doivent être envahies par la végétation.

Elle est presque arrivée en bas lorsque le plafond est traversé de vibrations. De la terre sèche tombe sur le sol et des petits cailloux s’entrechoquent sur les dernières marches.

Quelqu’un doit marcher au-dessus d’elle.

Son pouls bat à tout rompre.

L’air vicié lui donne le vertige. Il faut qu’elle fasse demi-tour et qu’elle remonte à l’air libre. L’escalier lui semble aussi étroit qu’un terrier de lapin, probablement à cause de l’obscurité. Tout en haut, la porte brille comme du laiton. Ses gonds se mettent soudain à grincer, la lumière baisse et elle se referme avec fracas.

Valeria lâche le panier et tente de se retenir aux murs pour ne pas tomber. Elle respire de plus en plus vite, essaie de trouver de l’oxygène. Soudain sa vue se brouille et elle s’effondre au sol.

Puis la porte s’ouvre et elle entend une voix d’homme. Elle lève les yeux et distingue une fine silhouette dans la lumière extérieure.

— Hé ho ?

La silhouette s’engage dans l’escalier.

— Vous êtes blessée ?

L’inconnu l’aide à se relever et la soutient pour monter les marches. Ses gants de travail lui glissent des mains. Une fois à l’air libre, il l’aide à s’asseoir sur le talus herbeux.

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